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Les rapaces diurnes
 

La plupart des gens sont prêts à voir en eux des bêtes assoiffées de sang qui tuent pour le plaisir alors qu’en vérité ces oiseaux ne tuent jamais par jeu, mais uniquement que pour manger quand ils ont faim.

Les faucons sont des oiseaux de proie très rapides, dotés de longues ailes pointues (en forme de faux) et d'une queue plus ou moins longue avec des yeux sombres.
Leur technique de chasse consiste à repérer leurs proies, les approcher sans être vus, et les attaquer au vol par surprise.

Les buses, les autours et les éperviers, sont des oiseaux de proie aux ailes larges et arrondies avec une queue plus longue leur permettant de changer brusquement de direction.
Leurs serres (doigts) sont robustes à l'exception de quelques petits faucons.
Les rapaces ne tuent pas leurs victimes avec leur bec, la puissance de l'étreinte suffit à assommer ou tuer vite et efficacement.

Pour repérer leurs proies du haut des airs, les rapaces possèdent une vue perçante et extraordinaire ; la densité de la rétine est 8 X plus élevée que chez l'homme. Doué d’une acuité visuelle comparable, un homme pourrait lire les titres d’un journal à 500 mètres de distance !

La vue extraordinaire de ces oiseaux est due en grande partie à la taille de leurs globes oculaires, souvent aussi grands que les nôtres et logés dans des orbites très profondes. En outre, leur rétine (tissu du fond de l’œil sur lequel l’image est projetée) est 2X plus épaisse que la nôtre et garnie de millions de minuscules cellules visuelles.

Logé entre les deux énormes globes oculaires, le cerveau des rapaces diurnes est profondément petit. Ces animaux ont une mémoire prodigieuse.

Les rapaces pratiquent toutes les techniques de vol connues. Observons donc leur grand maître à tous, le faucon pèlerin. Planant très haut, baissant la tête, donnant un puissant coup d’ailes pour prendre son élan, puis piquer vers la terre comme une pierre projetée avec force. Soudain, un tourbillon de plumes, véritable explosion, se produit à l’instant même où le faucon frappe une proie de ses serres. La proie est généralement tuée sur le coup. Mais on assiste alors à la plus étonnante des manœuvres : le faucon pique en flèche sous l’oiseau qui dégringole, puis il bascule sur le dos et rattrape sa proie dans ses serres ! On dit qu’il buffète sa proie.

Par contre, les grands rapaces diurnes que l’on voit souvent décrire au zénith leurs cercles paresseux ont une méthode très différente.
Ce sont de véritables planeurs vivants et peut-être les plus légers qui soient.
Presque tous les os de leur squelette sont creux et l’air qu’ils contiennent s’ajoute à celui des poumons pour alléger l’animal.
D’autre part les ailes et la queue sont exceptionnellement larges, assurant ainsi une grande surface portante par rapport au poids. Et, à leur extrémité, les rémiges se sont transformées en véritables petites ailes séparées qui ressemblent à une main aux doigts ouverts. Ces ailes « à fentes » permettent à l’oiseau de s’adapter à tout changement dans les courants aériens. En survolant lentement leurs territoires, ces planeurs naviguent sur les courants de déviation et, passant de l’un à l’autre, se font porter par les colonnes ascendantes d’air chaud. L’incroyable impulsion qu’ils peuvent retirer de ces courants ascendants est apparue certain jour où la vitesse du vent n’atteignait pas 6,5 km/h et l’on pu chronométrer un balbuzard qui avançait à 130 km/h sans même faire frémir le bout de ses ailes.

L'ouïe et l'odorat, en revanche, ne tiennent pratiquement aucune place dans la vie des oiseaux de proie diurnes.

Les rapaces diurnes comptent parmi les parents les plus tendres de la gent emplumée et l’on suppose qu’ils s’accouplent pour la vie. Beaucoup d’entre eux reviennent tous les ans au même nid. En Angleterre, certaines aires de faucons remontent au règne de la première Elizabeth (XVI e siècle).

 
Les rapaces nocturnes
 

De toutes les créatures emplumées, les rapaces nocturnes comptent parmi celles qui ont le mieux réussi à coloniser toutes les parties du monde.

Leur nom général est hibou s’ils portent des aigrettes sur la tête et chouettes s’ils n’en portent pas.

Les hiboux ont parfois une envergure égale à la hauteur d’un homme ; d’autres ne sont pas plus hauts qu’un moineau.

Les hiboux et les chouettes sont de véritables noctambules de la nature.
Tout leur organisme a été conçu de façon à assurer leur vie dans l’obscurité et à cet effet, la nature les a dotés de quelques uns des mécanismes animaux les plus perfectionnés qui soient.

Leur vue, cent fois plus pénétrante que la nôtre, leur permet de percevoir des objets sous l’éclairage le plus faible, d’éviter les branches et autres obstacles, de capturer les proies les plus rapides.
Une espèce de rapaces nocturne est capable de se saisir d’un rongeur à la lueur d’une source de lumière correspondant à une vulgaire bougie placée à 800 mètres de distance ! Leur ouïe étant si fine qu’ils parviennent à localiser leur victime et à fondre sur elle dans l’obscurité totale.

Leurs serres puissantes sont agencées de façon à se refermer automatiquement sur elles, même s’ils ne sont pas en mesure de discerner.

Ces oiseaux ont inspirés une foule de légendes en tout point aussi étonnantes qu’eux-mêmes.
Ainsi il est parfaitement vrai qu’ils habitent parfois des maisons abandonnées, où, scandaleusement pourchassés par l’homme, ils ont trouvé refuge.
Il est vrai aussi qu’on peut les voir briller d’un éclat phosphorescent dans l’obscurité ; en effet le bois pourrissant des poutres où ils font leur nid est parfois recouvert de champignons luminescents que leurs plumes effleurent au passage.

Quant au vieux hibou plein de sagacité, il ploie effectivement sous le poids des ans ; un spécimen a vécu en captivité soixante-huit ans, véritable record de longévité dans le monde des oiseaux.

Pendant le jour, quand leurs dons particuliers ne leur servent pas à grand-chose, la plupart des rapaces nocturnes sommeillent sur leur perchoir ou prennent un bain de soleil dans les branches.
En cet état de léthargie, il leur arrive parfois d’être attaqués par des corneilles et par des geais qui, les houspillent sans merci.
Mais les oiseaux nocturnes pratiquent si bien l’art de se dissimuler que leurs cachettes sont très rarement découvertes. Leurs coloris atténués se confondent avec l’écorce des arbres.

Pour être à même de chasser en silence, le rapace nocturne a le corps entièrement recouvert de plumes si fines et si douces qu’elles amortissent le son. La racine de son énorme bec, elle-même est caché sous une masse de duvet.
A l’inverse des autres oiseaux, ses pennes ont des extrémités bouffantes, de sorte qu’au moment où il frappe l’air, on n’entend pratiquement aucun bruissement.

Tandis que l’œil humain possède deux sortes de cellules, les cônes (qui nous permettent de discerner les couleurs) et les bâtonnets (pour percevoir la lumière), la rétine des rapaces regorge de bâtonnets seulement. Ceux-ci contiennent un produit chimique, connu sous le nom de pourpre rétinienne qui transforme la moindre lueur en un phénomène chimique provoquant chez l’oiseau une véritable impression visuelle là ou un être humain ne percevrait que la présence de lumière.
Nettement plus grand que le nôtre, l’œil des hiboux n’est pas mobile. Chaque globe est fixe, tel un phare d’automobile. Pour voir dans différentes direction, l’oiseau est doté d’une prodigieuse faculté de rotation de la tête entière qu’il peut tourner à 270°.

L’ouïe des nocturnes est très fine.
Cette acuité de perception chez les nocturnes est due principalement à la forme de leurs oreilles. Leur face est cernée de plumes rigides et recourbées qui reçoivent les ondes sonores et les répercutent sur un tympan plus grand que celui d’un autre oiseau. En outre, ils ont une tête très large et en conséquence des oreilles asymétriques et très écartées l’une de l’autre. L’onde sonore parvient donc forcément à l’une un peu plus tôt qu’à l’autre ; ce lape de temps est infime, mais suffit à donner au rapace une indication de direction d’où provient le son.

Les études concernant le régime alimentaire de ces rapaces ont démontré qu’ils se nourrissent presque exclusivement de rongeurs et d’insectes, tous animaux nuisibles aux cultures et aux forêts.
Ils comptent en fait parmi les oiseaux les plus utiles et se montrent aussi efficaces que les rapaces diurnes pour la destruction des rongeurs.

On admet aujourd’hui que ces oiseaux, communs autrefois, disparaissent du paysage. On les abat encore, les bulldozers détruisent leurs habitats, on déboise dans certaines régions, et les possibilités de nidification diminuent.

Peut-être, à l’instar des Grecs qui avaient fait de la chouette le symbole de la cité d’Athènes, serait-il sage de témoigner plus de respect à ces seigneurs de la nuit !